Matthieu Mallédant, Co-fondateur & Vice-président du Groupe Hoppen, S’engage depuis plus de 10 ans à promouvoir l’innovation technologique pour les soignants et les patients, en plaçant le parcours de santé au cœur de ses priorités. À l’occasion de Viva Technology & SantExpo 2024, il échangeait avec M. Valletoux, Ministre délégué à la Santé, sur la libération du temps soignant (volet 5 de la Stratégie Nationale en Santé 2023-2033).
Quel est le contexte actuel en termes de personnel soignant ?
Le constat est simple, nous faisons face à une crise des soignants, qui impacte directement le parcours de santé et tout le système de santé. Les établissements et les institutions nationales en sont bien conscients. Cette crise entraîne un travail épuisant, un sentiment de perte de sens, et un taux élevé de burn-out, de dépressions, et de démissions en chaîne. De surcroît, le manque de soignants, phénomène national accentué par le numérus clausus des années passées, pourrait ne s’inverser qu’en 2035.
Le groupe Hoppen (alors Télécom Santé) est né en 2011 « découvrir notre histoire », avec la volonté d’accompagner les patients durant leur hospitalisation. Ainsi, avec l’aide des soignants, nous avons vite compris la nécessité d’agir pour améliorer leurs conditions de travail.
Comment les établissements limitent-ils les impacts ?
En contexte de crise, le recrutement est essentiel pour préserver un parcours de santé optimal. Le manque de personnel soignant entraîne des lits fermés, limitant la capacité des établissements à répondre aux besoins de leur territoire. Beaucoup recourent à des solutions RH externes pour accueillir rapidement des aides. Cependant, ce n’est pas la seule solution.
La digitalisation résout elle seule le sujet du gain de temps soignant ?
Les DRH hospitalières sont en concurrence pour attirer les talents en réponse à la pénurie de soignants. Cet effort améliore la QVCT des soignants et leur attractivité. Cependant, ce n’est qu’un aspect. Pour répondre durablement à cette crise, une transformation organisationnelle complète est indispensable.
Comment le numérique peut-il contribuer à améliorer le parcours de santé et répondre à cette crise RH ?
La digitalisation peut résoudre une partie du problème en automatisant certaines tâches grâce aux algorithmes et à l’IA, permettant ainsi aux soignants de se concentrer sur les soins. Cela nécessite cependant une compréhension fine des besoins des soignants.
La digitalisation implique aussi de déléguer certaines étapes aux patients, ce qui les rend acteurs de leur parcours. Nous avons constaté, grâce aux enquêtes de satisfaction, que les patients apprécient de pouvoir gérer certaines décisions eux-mêmes. La digitalisation de leur parcours se fait donc en leur accord.
La transition vers un parcours plus digitalisé s’accompagne de plusieurs bénéfices :
- Les patients savent que cela libère les soignants pour les soins essentiels.
- De plus en plus de patients et de soignants sont à l’aise avec le numérique.
